dimanche 3 février 2013

LES CONSEQUENCES DOMMAGEABLES DE L'USAGE : IMPACT DIRECT SUR LES FEMMES


LES CONSEQUENCES DOMMAGEABLES DE L'USAGE : IMPACT DIRECT SUR LES FEMMES

La perpétuation de la discrimination en matière de nom facilite l'oppression, la dévalorisation ,les violences envers les femmes.

Il leur est d’autant plus difficile d’y résister que cette discrimination passe par une humiliation apparemment « petite », et même niée (voir notre article sur le rire dans ce numéro). Et d’autant plus, que les femmes visées sont souvent, effectivement, isolées et donc plus vulnérables.

- Dommage financier : dévalorisation des femmes

Dans le monde du travail, le terme "mademoiselle", avec ses connotations infantilisantes est une contre publicité : éternelle junior, jamais mature, jamais senior.

Il faut rapprocher cette pratique de celle qui consiste à "oublier" les titres des femmes, ou à les appeler plus fréquemment par leur prénom. (cf thème de la féminisation des noms de métier dans notre prochain numéro).
On ne hèle plus un serveur en l'appelant "garçon !", on continue a appeler la vendeuse "mademoiselle".
A 35 ans, un homme est 1er ministre à Moscou, à 32 ans, une députée française est qualifiée de "bébé"[1]…A cinquante ans on passe "mamie"[2], trop vieille pour rester.
Trop jeune ou trop vieille, une femme n'est jamais normale, adulte, mûre…

Mme ou Mle ? : " c'est moi qui pose les questions" dit le chef.
Le simple fait d’avoir à répondre à des questions, sans avoir l’occasion de retourner la question simplement (poser la question « monsieur ou mademoiseau » paraîtrait insultant ou ridicule…) place la femme , d’emblée, dans la situation de l’inférieure face à une autorité, à celui qui s’autorise de la Loi pour interroger, mène ainsi la discussion etc…

A petits noms, petits salaires.


- Dommage physique : violence

Donner le droit de connaître une chose équivaut largement à donner le pouvoir d’en disposer.
D’autre part, l'humiliation par le nom c'est la stigmatisation, célibataire = sorcière. Or la stigmatisation justifie par avance la persécution "la punition", de la personne qui a "mérité" la stigmatisation, elle expose la personne stigmatisée à la violence.

Anecdote : une discussion entre un locataire mauvais payeur, sa femme et la propriétaire. La propriétaire est connue dans la localité comme « Mlle untelle » (par la faute d’un notaire qui refusa d’inscrire « madame »). Le ton monte, l’homme lance : « je vais te niquer » et sa femme de renchérir que la « demoiselle » n’attend que ça.

- Dommage physique et psychique : harcèlements sexuel ou moral

L'employeur disant « c’est bien Mlle ? Alors vous n’êtes toujours pas mariée : je peux vous inviter à dîner ? » (fait réel) ne voit là aucun harcèlement.»    

Marie France Hirigoyen[3] a bien montré que les harceleurs moraux se font un délice d'attaquer par un moyen insidieux, non visible, facile à dénier.
Le procédé du "faux compliment" ou de la fausse politesse, de la conformité scrupuleuse à une norme reconnue par tous, par le "mlle", est un moyen idéal pour un pervers. L'allusion à la "demoiselle", à la vieille fille et ses toiles d'araignée, est claire. Il est tout à fait clair aussi qu'elle peut être aisément niée.
Dite à un pervers qu'il vous humilie, il pourra se permettre de vous narguer en répondant " vous allez vous plaindre de quoi ? d'avoir été appelée mademoiselle ?" sous entendant sans le dire cette fois que vous passerez pour, ou que vous êtes, folle.


[1] « La benjamine, Emmanuelle Bouquillon, 32 ans, un enfant, député UDF de l’Aisne » Le Revenue Français 20 décembre 1993.
[2] « Gilberte Beaux la Mamie de l’Industrie » titrait un mensuel économique.
« Les filles de Golda. La « grand-mère d’Israël « Edition spéciale "Pourquoi Edith Cresson" L’Express 17 mai 1991
[3] Marie France Hirigoyen le Harcèlement moral Syros 1998

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