dimanche 3 février 2013

LES CONSEQUENCES DOMMAGEABLES DE L'USAGE : IMPACT NEGATIF SUR LES MENTALITES


LES CONSEQUENCES DOMMAGEABLES DE L'USAGE : IMPACT NEGATIF SUR LES MENTALITES


- 3 appellations = 3 sexes : l'homme, la maman et la putain

Madame, Mademoiselle : la maman et la putain.
Des formulaires sont libellés : SEXE = () M () Mme () Mlle.» Il y a bien trois sexes…
Pour avoir droit aux hommages, il faut produire ses états de service.

Une forme de "nominalisme" de l'esprit humain tend à faire croire que derrière deux mots différents, il y aurait deux choses différentes, en l'occurrence, selon les clichés patriarcaux :
- la "vraie" femme, la femme honorable, la dame, serait la femme appropriée et féconde, qui sert un homme, et a donc droit au titre de « Madame » : « L’adoption du nom marital permet enfin d’accéder sans conteste au titre de « Madame », c’est à dire pour les filles - encore de nos jours - à la reconnaissance sociale de leur maturité » [1]
- et le déchet humain, celle qui gagne sa vie plus ou moins misérablement (au moins moralement) parce qu'elle serait intrinsèquement pute ou déséquilibrée…

Femme qui travaille = femme non casée
Appeler les vendeuses, serveuses et autres personnel peu ou moyennement qualifié "mademoiselle", correspond à l'idée que la femme qui travaille serait forcément célibataire et en attente de trouver un mari, parmi les clients peut être, ou serait une "pauvre" femme jamais épanouie…

Dès que la double appellation réapparaît, la femme "libre" devient pute :
En Chine "Il est désormais exceptionnel d'appeler quelqu'un Tongzhi (camarade). Les vieilles appellations des années 30 sont réapparues et l'on précise poliment après le nom de famille Xian Sheng (personne née avant moi, donc plus savante et, par extension, Monsieur), Nu Shi (femme respectable, Madame)…L'expression Xiao Jie (petite sœur, Mademoiselle), qui était jusque là utilisée pour parler aux serveuses ou vendeuses, est en train d'évoluer, prenant un sens péjoratif, car elle sous-entend désormais qu'il s'agit d'une fille qui se vend."[2]

- Mater (reluquer) = mater (maîtriser), Droit de regard = Droit de contrôle = Légitimation du voyeurisme

Isabelle Alonso résume le sens de l'usage : " « Une femme annonce dès qu’elle se présente son degré de disponibilité sexuelle. Parce que quand vous êtes une femme, ce que vous faites de votre cul, ça regarde tout le monde ! "
Il y a très peu de temps que la Turquie a supprimé le test de virginité pour les candidates fonctionnaires.

Les hommes ont le droit de connaître la situation des femmes, parce qu'elles leur sont destinées et n'ont pas le droit de n'appartenir qu'à elles mêmes.
La femme bien est appropriée, la femme "non appropriée" est publique, disponible : la disponibilité est donc affichée.
La femme qui ne se laisse pas approprier, qui vit "pour elle même", est dévalorisée, stigmatisée, marquée d'une signe, d'un nom particulier, dénoncée : son acte d'insoumission doit être connu, mérite punition. On se souvient de l'analyse des mythes par René Girard : la stigmatisation annonce le rejet du groupe, jusqu'à la mise à mort. Célibataire = sorcière.

- Accusation des femmes d'être compliquées

Par dessus le marché, la complication imposée aux femmes par les hommes - car un usage dans un groupe ne peut s'imposer contre l'avis du groupe dominant, ou alors c'est qu'il ne serait plus dominant - est transformée en faute des femmes, qui compliqueraient la vie aux autres avec "leurs" "changements d'état civil"..


[1] Marie France Valetas in « Populations » n°1.
[2] Libération du 1er octobre 1999 Adieu Camarade, bonjour Monsieur (correspondant de libé à Pékin)

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