- Idées courantes sur la politesse en matière d'appellations
Il est couramment affirmé :
- que "quand on ne sait pas, il faut dire mademoiselle",
- que ce titre est flatteur pour la femme désignée car il signifierait
que la personne qui appelle la femme lui trouve une apparence physique de jeune
fille ou jeune femme.
La politesse voudrait que l'on demande : "Comment dois je vous
appeler : Mme ou Mle ? " (et jamais : "Vous êtes Mme ou Mle ?
".)
Car demander à la personne que l'on souhaite appeler, comment elle
considère que l'on doit l'appeler, "comment dois je vous appeler ?",
est nécessaire pour "respecter", ne pas "écorcher" son nom.
(Et par contre il est très impoli d'interroger quelqu'un sur sa vie
privée…)
Or la règle qui veut que l'on prenne soin d'appeler une personne
convenablement, est atténuée dans le cas de l'appellation.
Sans doute parce qu'au contraire du nom propre qui "représente"
l'individu lui même, l'appellation ne paraît représenter que la catégorie dans
laquelle on l'inclut, toucher à l'appellation peut donc sembler ne pas porter
atteinte à l'individu dans sa personne propre.
Sans doute aussi parce que demander à une personne comment elle considère
que l'on doit l'appeler prend du temps…mais cela est vrai de la plupart des
règles de politesse.
Surtout semble t il à cause de la présentation du "mlle" comme
flatteur, aimable à priori…
Celui qui utilise une appellation au lieu d'une autre s'excuse à peine si
l'interessée lui indique son erreur, au contraire…
Le fait pour une femme de réclamer ses droits, et ainsi de contrevenir
aux règles de l'usage - puisqu'ils sont en contradiction avec le droit - , est
considéré couramment, comme une violation des règles de la politesse de la part
… de cette femme. Assez souvent, il apparaît même comme une violation
« grave », à la limite de l'injure vis à vis de ceux auprès de qui
elle se voit obligée de réclamer, à la limite de la faute morale.
Cette réaction s'explique ainsi :
Le fait de réclamer à une autre personne le respect d'un droit, fait
immanquablement apparaître l'autre comme ayant manqué à une règle, de droit ou
de politesse, donc comme coupable, c'est une accusation implicite …donc lorsque
cette accusation paraît fausse, le reproche est ressenti comme une injure
injustifiée donc totalement abusive. Le fait de réclamer à une autre personne
(par ex : un fonctionnaire) le respect d'un droit, alors que le travail
habituel de cette personne ne comprend pas le respect de ce droit, la dérange,
et par conséquent apparaît comme une véritable faute morale - "délit"
d'atteinte à la tranquillité d'autrui de bafouer tranquillement vos droits, en
quelque sorte.
Ici comme dans d'autres domaines, une femme "bien" est censée
savoir et devoir "se laisser humilier avec le sourire"[1].
Il y a une contradiction de légitimités, une ambiguité…
[1] fragment de phrase de la princesse Galitzine, Macha Méryl, dit un jour
dans les ondes, ??? lesquelles …
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